Une forêt salement touffue.
Le petit président ex-recalé de normale sup ex-banquier ex-Jupiter ex-Vulcain est un peu chafouin on dirait. Sa soi-disant réforme des retraites n'a pas enthousiasmé les foules, on se demande bien pourquoi ! c'est si bon de bosser comme un damné pour simplement pouvoir vivre un peu… si peu pour les dix millions de pauvres gens que compte mon beau pays.
C'est un arbre gringalet cet article 49.3 autocrate, un chiffon rouge qui enflamme les poubelles, met le monde dans la rue et, le plus incroyable de l'histoire, fédère tous les syndicats en une seule voix.
Pendant ce temps et en loucedé, le petit président démantèle des institutions importantes ; l'IRSN (Institut de Radioprotection et de Sûreté Nucléaire) est indépendante et s'occupe de contrôle nucléaire mais elle est rayée d'un trait pour transférer son boulot à l'ASN (Autorité de Sûreté Nucléaire) non indépendante, quelle bonne idée ! au moment où il veut construire plein de petites centrales nucléaires partout alors que les existantes fuient de tout leurs tuyaux et sont à l'arrêt, alors que la raréfaction de l'eau ne permet plus de refroidir suffisamment ces saloperies ?… ben voyons… Il avait supprimé dans la quasi indifférence générale la suite des recherches sur le projet ASTRID (Advanced Sodium Technological Reactor for Industrial Demonstration) qui consistait à obtenir une énergie nucléaire presque sans déchets et surtout en recyclant les déchets actuels qui s'accumulent et nuiront pendant au moins mille ans ; ça ne plaisait pas aux industriels de l'atome qui perdaient ainsi du chiffre d'affaires je suppose.
Les architectes des bâtiments de France chargés de vérifier la compatibilité de nouvelles constructions autour des lieux classés au patrimoine national n'auront plus leur mot à dire, ou alors ce sera consultatif. Ça tombe vachement bien : usines polluantes, centrales nucléaires, fermes industrielles n'auront plus à se soucier d'un paysage agrémenté de belles reliques qui furent protégées.
Les officiers de police judiciaire, les flics donc, qui enquêtent sur les meurtres, vols et autres délits mais aussi sur les malversations diverses par exemple d'un industriel indélicat ou d'un homme politique qui magouille (si, si ça peut arriver !) vont se retrouver sous les ordres du préfet du département de leur affectation. Un préfet aura tout loisir de dessaisir ou tout simplement interdire d'enquêter si l'affaire qui tombe entre les pattes des pandores peut défriser quelque notable.
Ni les magistrats ni les officiers de police judiciaire ne veulent de cette "réforme" qui leur coupe carrément les ailes, peu importe et tout ça sous les ordre du sinistre de l'intérieur, plus retors que le funeste Pasqua lui-même faut le faire ! D'ailleurs il a copié sur son ancien pour ressuciter les brigades motocyclistes de triste mémoire, il n'est pas oublié Malik Oussékine tabassé à mort par ces délicats personnages motorisés.
Les services de ONF (Office National des Forêts) sont en manque cruel de personnel non renouvelé pour gérer nos forêts pile au moment où le petit président annonce qu'il veut planter dix millions d'arbres… dix millions ! il va faire ça tout seul avec ses petits muscles et son joli costume ? Il veut… pourtant l'on m'apprit il y a fort longtemps que le roi doit dire : "nous voulons".
Nos services de santé partent à vau-l'eau, nos hôpitaux sont exsangues mais pas de panique il suffit d'un peu de télé-médecine et tout va s'arranger au poil. Télé-médecine… hummm, ça fonctionne pour un travail dentaire ? un accouchement ? une consultation dermatologique à intervention ? Pour faire la part belle aux médecines privées onéreuses c'est la meilleure façon de s'y prendre ! allez les gueux râlez pas, vous allez bosser jusqu'à plus d'âge donc vous serez mort au boulot, pas besoin d'accéder à quelque soin médical que ce soit.
Et ce n'est pas tout mais foin des autres avanies que tout un chacun peut découvrir tout seul.
Dans l'ambiance du moment et malgré les affres d'une guerre de conquête épouvantable à ma porte, je trouve des pépites qui offrent matière à sourire un peu : les pancartes des manifestants !
Notamment celles de deux dames âgées :
L'une est seule au milieu d'une voie urbaine assise sur son fauteuil roulant avec sa pancarte posée contre ses jambes : "Pétain reviens, t'as oublié tes chiens"… pas très gentil pour les chiens mais puisque c'est dirigé contre les brigades de robots qui tombent à bras raccourcis sur la tronche de manifestants pacifiques, c'est tout indiqué.
L'autre est valide dans un cortège mais pas plus jeune : "si on avait voulu se faire baiser, on aurait élu Brad Pitt"… excellent ! évidemment Brad Pitt versus petit président, y a pas photo comme dirait l'autre.
Un jeune homme aussi, en province, qui brandit son grand carton tout simple : "j'ai un régime spécial, je mange des actionnaires"
Des humains qui ont encore de l'imagination, du pétillant, de la faconde et de l'à-propos, ça réjouit un peu.
21 mars 2023
… je vais pourtant sacrifier aux sacro-saintes fêtes de fin d'année qui ne sont pas sacrées et encore moins saintes ; s'il y avait une sainteté, un dieu quelconque ou je-ne-sais-quoi de sacré, ça serait un beau salopard pourri jusqu'à la moelle !
Née en colère, le monde comme il va ne risque pas de me calmer… l'a les boules la goupil comme d'habitude… un peu plus que d'habitude… un peu moins ce soir que demain sûrement…
L'a les boules la goupil
Mon p'tit Jésus personnel tout joli, tout nègre-mignon l'a pas non plus l'air dans son assiette, moins que d'habitude dirait-on…
Tant pis pour les peuples en souffrance et pour notre éternelle impuissance à ruer dans les brancards, établir un mieux ; tant pis pour la bonne bouteille qui sera cadavre demain… il ne devrait y avoir que les bouteilles qui aient droit à devenir cadavre !
Bonnes fêtes si ça vous dit.
24 décembre 2022
Il n'y a pas assez de livres à la maison sans doute ; une commode déborde, un guéridon ploie, une cage à grillons est bondée, une tricoteuse s'énerve de n'être qu'un meuble à entasser du papier. Les meubles bibliothèque sont bourrés, comment faire autrement ?
La bibliothèque départementale décide un gros désherbage de ses rayonnages et met en vente tous les produits à 1 €, trop tentant l'affaire. Et je rentre à la maison avec un bon paquet d'ouvrages à entasser où c'est encore possible ; je suis sûre et certaine qu'à chaque opération de ce genre, je rapporte au moins une pépite à déguster.
Gagné ! "Mumbo Jumbo" d'Ishmael Reed paru en 1972 aux Etats-Unis, patrie de l'auteur et traduit-édité pour la première fois en France en 1975. Cet auteur dont je n'avais jamais entendu parler est un artiste complet : écrivain, éditorialiste, satiriste, acteur, poète, graphiste et d'autres cordes à son arc peut-être que je n'ai pas trouvées, aujourd'hui âgé de 84 ans.
Le titre en lui-même fait envie, ça swingue alors que j'apprends que la traduction française de cette locution est : baragoin, charabia, jargon… ah… ça swingue moins indubitablement. Sauf que ce n'est pas ça du tout ! C'est une expression mandingue qui signifie : "magicien qui met en fuite les esprits en peine des ancêtres" du "ma-ma" grand-mère, "gyo" en peine et "mbo" s'en aller… comme quoi il vaut mieux lire le livre de préférence à aller rôder sur le net et tomber sur un dico mal embouché.
Monsieur Reed, qui est noir-américain, nous offre un pseudo polar déjanté qui mêle vaudou, ragtime, jazz , culte d'Osiris (eh oui !!!), Klan et prohibition avec bonheur ; sous les noms des personnages on reconnait facilement le président des U.S.A., Malcom X et autres protagonistes de l'époque concernée. Il y est des réflexions sur ce que l'on appelle aujourd'hui l'écologie, le système capitaliste et la ségrégation raciale gratinées.
J'aurais pu extraire quelques phrases croustillantes mais ça gâcherait le plaisir du futur lecteur.
25 novembre 2022